Gare de Boysun

Denau – Boysun – Tashkent

J’ai prévu de prendre le petit-déjeuner là où j’ai diné hier, je suis passée imprimer une photo du monsieur qui m’a invitée et de sa petite fille (rousse, plutôt typée irlandaise qu’asie centrale d’ailleurs!) et cette fois-ci, pas de panne de courant pour contrecarrer mes plans. C’est donc « samsa » au petit déjeuner, petit pain farci à la viande, quelques bouts de gras là dedans en plus de la viande et des oignons mais a priori le gras est ici un mets recherché. Après ca, petit tour de marché où j’ai acheté 4 assiettes traditionnelles, ils ne comprenaient pas pourquoi je ne voulais pas celles avec du doré autour mais ont tous voulu être sur les photos. Je suis repassée me doucher à la chambre et boucler mon sac avant d’affronter les chauffeurs de taxi. Dès que je suis arrivée, ils se sont tous mis autour de moide manière à me cerner (au moins 15 à la fin), secouant des calculettes avec des chiffres délirants ou me donnant des chiffres en ouzbek, en russe, en anglais (plus rare). La première annonce est à 40000, de la folie pour 1h30 de trajet jusqu’à Boysun, je pense qu’à 10000, c’est déjà bien payé. Je dis donc niet, et j’attends. Je pose mon sac, je regarde ailleurs et j’attends qu’ils descendent. 28000, 25000, 22000, 17000, 15000. Niet, je joue toujours à la poupée qui dit Niet. Y en a un qui me sort 12000 en anglais. OK vendu. Mais ce n’est pas pour autant que je pars, maintenant, il en fait 3 autres. Je m’installe pour prendre un thé car l’attente peut etre longue. Mon train est à 19h, il est 10h30, ca va…

Là, j’ai un nouveau compagnon de discussion qui arrive, j’ai oublié son prénom compliqué, quel dommage car il était plutot rigolo. J’ai fait une démonstration de cigarette électronique, ils adorent, ca crée tout de suite un contact ensuite, j’ai eu droit aux questions traditionnelles. Ou j’habite, combien j’ai d’enfants, quel est mon travail, combien je gagne etc…La dernière, je n’y réponds que quand je suis en mesure d’expliquer que nos salaires sont plus élevés mais nos charges aussi ! Mon compagnon de discussion me fait une démonstration de chiquage, il m’a même proposé d’essayer mais vu ce que j’ai lu sur le sujet, c’est non, pas envie de me taper une crise de tachycardie en pleine gare routière ! Tout à coup, le compagnon de discussion s’absente, un ami à lui qui parle un peu anglais prend le relais, le temps d’échanger quelques nos adresses emails, et voilà que je me retrouve avec un cadeau : un très joli couvre-chef local brodé main, vraiment très chouette, j’ai été très touchée. Pas grand chose à offrir en échange à part une carte postale et la promesse d’envoyer la photo par email à son pote… Au final, depuis que je suis dans les montagnes, j’ai eu des invitations, même un cadeau, y a que les chauffeurs de taxi qui me délestent un max (une tradition universelle!), tous les autres sont vraiment sympatiques.

Vers midi, nous partons enfin pour Boysun, encore la traversée des mêmes superbes paysages mais je suis de l’autre côté de la route, mieux pour les photos que la veille. Quelques kilomètres avant Boysun, arrêt point d’eau pour remplissage des bouteilles (sauf pour moi), c’est plutôt très sec et les rivières sont rares. Une fois dans Boysun, le chauffeur m’arrête au centre, je lui redis la gare, il me dit que c’est à 15 km au moins. Je grogne, il demande 5000 de plus (1.5 euro), OK, j’en ai marre de discuter et on part. Sauf qu’au bout de 5 mn, il s’arrête pour demander son chemin et que l’autre lui indique la direction opposée, a priori, il ne sait pas où elle est. J’en profite pour renégocier à 3000 en lui faisant comprendre que c’est çà ou il me laisse au centre ville et je me démerde. Au final, on ramasse une institutrice qui nous indique la route, elle est ravie de baragouiner anglais et me dit : I love you et enfin, on arrive à la gare, perdue au milieu de nulle part. Et là, je me dis que j’ai merdé, que j’aurais du attendre dans le centre du village avant de venir m’enterrer ici à 14h avec 5h d’attente devant moi…Enfin bon, ca va bien le faire, déjà y a plein de monde pas débordé, tous essaient de discuter et y a quand meme un « BUFET » avec quelques trucs à grignoter et à boire. Premier truc étrange de cette gare, il n’y a pas d’eau dans les robinets, ni aux toilettes, ni dans les lave-mains. On t’amène une casserole d’eau qu’on te verse au compte-goute. J’ai une grenade achetée la veille dans mon sac, elle va bien me dépanner ce midi, je commande un thé et on m’offre une pomme. L’avantage de la grenade, c’est que le temps qu’on met à la dépiauter, on est déjà quasi rassasiée. Je veux ensuite acheter des gateaux mais on me les donne, on a refusé que je paie. A priori, c’est Roma, un personnage haut en couleur, volubile qui mène la discussion et qui a payé pour moi. Mon mini dictionnaire sert de base, plus mes guides, cartes postales, tout est prétexte à échanger. Sur une des pages du dictionnaire en rapport avec la bouffe, il y a du vin, il me demande si je bois du vin, je dis oui mais qu’ici c’est plutot de la vodka, il me demande si j’en ai et je lui sors ma bouteille bien entamée de la soirée de lundi, l’occasion de me rendre compte qu’elle a fui et qu’une partie de mon linge sale est imbibée de vodka (là je suis contente que ce ne soit pas du vin rouge!). Par contre, me voilà obligée à 16h de boire un fond de tasse de vodka, Roma fait amener du saucisson pour accompagner et je dois dire qu’il y va franco sur l’alcool. Les autres n’ont pas voulu en boire, musulman oblige et se sont foutus de Roma en disant qu’il est catholique mais il a nié en disant qu’il est bien musulman la tasse de vodka à la main ! Par ailleurs, toujours dans le dico, une page traite de la santé, il est très curieux sur le sujet, l’impression que la vodka aidant, il voulait jouer au docteur avec moi, j’ai donc un peu pris mes distances. Quelle n’a donc pas été ma surprise de le voir apparaître une heure plus tard en habit de médécin, avec une carte autour du cou, j’ai meme visité son cabinet (vide de patient, tu m’étonnes avec ma bouteille de vodka qu’il a finie, je n’aimerais pas être soignée ici, en plus sans eau !!!). Encore discuté, il est intarissable, sur Gérard Depardieu et Pierre Richard, Fantomas est aussi connu ici…La vie, les gens, les rythmes de travail, tout est étrange dans cet endroit mais j’y ai été super bien accueillie et n’ai finalement pas trop vu le temps passer. Les gamines de la gare (filles de celles qui y travaillent ou y travaillant elles memes) ont ensuite pris le relais pour me nourrir (billes de lait aigre séchées et raisins) et faire des photos. Le train est fnalement arrivé avec une grande ponctualité.

Les voyages de Pascale

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