Je suis réveillée dès 5h00 et me précipite vers le balcon pour constater que la brume déjà présente la veille ne s’est pas dissipée pendant la nuit. Notre balade en jonque avec « Blue swimmer sailing adventures » commence à 13h00. Pourvu que ca se soit levé d’ici là…Déjà prendre contact avec l’organisateur s’avère compliqué. J’ai envoyé hier un mail indiquant notre hôtel pour qu’on passe nous chercher mais on m’a répondu que l’hotel où nous logeons était très agressif avec les autres « tour operators » car lui-même vend ses propres tours et refusera qu’un tour operator extérieur vienne chercher ses clients (!). Pour autant, la guerre des tours n’aura pas lieu, nous décidons de nous rendre par nous-mêmes au port de départ « Ben beo » à 2km de Cat Ba town. Nous louons un scooter pour les deux jours qui nous permettra d’aller et venir à notre guise . Nous faisons un premier AR au port pour payer la jonque et fixer l’heure de RDV.
En attendant midi, nous décidons d’aller également fait un tour au Parc National de Cat Ba mais la route est en travaux et complètement coupée. Sauts de puce aussi aux plages de Cat Co 2 et 3. Surprise à l’arrivée, alors que nous nous attendions à une plage type Thaïlande avec bungalows sommaires au ras de l’eau, c’est maison de gardien avec barrière de sécurité et gros resort luxueux avec du personnel balayant le sable, transats sous les palmiers, plutôt le type d’endroit qu’on s’attend à la base à trouver dans un pays pour ultracapitalistes…
Retour en ville, ce sera coiffeur et change d’euros dans une bijouterie pour ma part et repos pour Francis. Nous décollons enfin pour Ben beo, chargés à la Vietnamienne : un gros sac coincé entre les jambes de Francis et le guidon, un autre petit sur ses épaules et le deuxième gros sac sur mon dos, un des petits ayant réussi à tenir dans le compartiment sous la selle.
Arrivés chez « Blue swimmer sailing adventures », c’est la suprise du chef. Mr Binh, m’annonce qu’il y a une bonne et une mauvaise nouvelle, laquelle je souhaite entendre en premier ??? La mauvaise, c’est qu’il a reloué la jonque jusqu’à 16h00 et la bonne, c’est qu’à la place, il nous propose un tour en petit catamaran dans la baie pendant 3h00.
Problème de mathématiques : Sachant qu’il facture la jonque 60$ les 3h et le cata 30$ les 3h et qu’il a vendu la jonque deux fois, combien a gagné Mr Binh ?
Je tente de renégocier le prix de 20$ sans succès (il ira jusqu’à me dire que ce sera déduit de sa paie par son patron, il me redonne même les billets du matin en me demandant d’annuler !!!). Mais comme nous n’avons que peu de jours ici, pas le temps de trouver un plan B. Je finis par lui demander de nous mettre à dispo des Kayaks gratuitement et ça s’arrêtera là.
Nous déjeunons ensuite sur un restaurant flottant juste à côté, non sans mal, car personne ne parle anglais et les explications sur la carte sont très confuses ! Notre « capitaine » de cata nous attend, nous embarquons après avoir fourré à la va-vite nos affaires dans un sac étanche. Entre les ilots, le vent est très irrégulier et par moment, nous faisons du surplace et cap’taine doit prendre ses rames, tandis qu’à d’autres, le cata se met à filer toutes voiles au vent nous arrosant assez copieusement. Nous serpentons lentement entre les pitons, croisant quelques kayaks et bateaux locaux (sortes de nasses tressées et goudronnées) en train de pêcher. Nous avons un arrêt sur une ile pas déserte (une quinzaine de personnes) qui semble être le stop-baignade imposé du coin. Des jonques de balades à la journée exécutent un ballet ininterrompu en déposant et revenant chercher quelques temps après des petits groupes de moins de 5 personnes. L’eau est chaude mais pas très claire et le sable recouvert de coraux morts. Le temps s’est couvert depuis midi et enlève du charme de l’endroit. Nous retournons sur le port et traversons un très gros village flottant. C’est là que nous avons été le plus impressionnés. La baie ne vaut pas tant, à mon avis, pour ses pitons karstiques romantiques émergeant de la brume, que pour l’incroyable capacité d’adaptation que l’Homme a démontrée dans cet environnement naturel peu commun. Des maisons flottantes avec des chiens, des viviers à poissons, des télés, des rameuses-épicières approvisionnant, des bateaux de pêcheurs débordant de poissons, tout comme un vrai village mais avec l’eau omniprésente. Les maisons sont parfois collées, parfois espacées comme à la campagne, on entend au loin l’écho des aboiements du chien du voisin. Entre les couleurs des flotteurs (bleu marine, orange) et celles des maisons (bleu, vert), la baie se pare d’un kaléidoscope de couleurs, qui rompt la monotonie de ses gris-vert.
Dans la foulée, nous embarquons sur la jonque. C’est vraiment top et je ne regrette pas ! Nous sommes seuls avec les deux personnes de l’équipage. Il y a des coussins sur le toit pour nous permettre d’admirer vautrés le paysage et nous filons dans la baie croisant les autres jonques qui rentrent. C’est très brumeux, par moment, on aperçoit jusqu’à quatre plans de pitons supperposés. Pas de réel coucher de soleil, trop de nuages, mais nous mouillons pour la nuit cernés par les pitons et quelques maisons flottantes au loin. Avec la nuit qui tombe, nous voyons les maisons s’éclairer une à une, entendons par moment les éclats de voix des repas et le son des télés. L’équipage s’affaire, l’un à la réparation des manettes de commande, l’autre à la cuisine. Le repas nous est servi sur le toit : petits rouleaux de printemps, crevettes et poissons grillés, crudités, riz et fruit. Pas mal du tout vu les conditions de cuisine ! Descente ensuite dans la couchette, le silence est absolu à part quelques bruits d’insectes non identifiés (sorte de bruissement quasi-ininterrompu).